CAS CLINIQUE

Par le Dr Anna Serafino

Une chienne Jack Russel Terrier entière de 2 ans est présentée pour des vomissements aigus et une anorexie. La chienne ne présente pas d’antécédent particulier.

A l’examen clinique d’admission, l’animal est alerte et présente des signes de déshydratation à 5% (muqueuses sèches) et une palpation abdominale tendue.

Une discrète leucocytose neutrophilique est observée à l’hémogramme. La biochimie révèle une légère augmentation des transaminases. Le ionogramme montre une hypochlorémie, une hyponatrémie et hypokaliémie modérées.

Trois vues radiographiques abdominales (Figure 1) sont réalisées.

Figure 1 : Radiographies abdominales (D : vue latérale droite ; G : vue latérale gauche).

Description :

– Une distension gastrique marquée, principalement  liquidienne, est observée (flèches noires). La distension gastrique crée un effet de masse sur la rate (*) et les anses de l’intestin grêle qui sont repoussées caudalement.

– Sur les 3 clichés radiographiques, en région cranio-latérale dorsale droite de l’abdomen, immédiatement caudal à l’estomac, on observe un élément sphérique bien délimité de 3,5 cm de diamètre d’aspect homogène et d’opacité mixte aérique/liquidienne (flèches jaunes). 

– Les anses intestinales sont dans les normes, sans distension anormale.

– Une discrète quantité de selles résiduelles sont observées dans le colon descendant.

– Le contraste abdominal est de façon diffuse discrètement diminué, tout particulièrement en région abdominale crâniale où les séreuses sont difficilement délimitables.

– L’état d’embonpoint de cet animal est discrètement diminué : la surface cutanée dorsale réalise de discrètes indentations sur les processus épineux.

– Le squelette axial et la portion de thorax inclus sont dans les normes.

Conclusion :

1)    Iléus mécanique gastrique suggérant un processus occlusif digestif haut.

2)   L’emplacement et la répétabilité de l’élément sphérique sur les 3 vues radiographiques, évoquent un corps étranger duodénal proximal.

3)    Discrète diminution du contraste abdominal pouvant être en lien avec le faible état d’embonpoint et l’effet de masse secondaire à la distension gastrique, sans exclure une stéatite ou un épanchement péritonéal mineur.

Compte tenu de la forte suspicion de corps étranger digestif, une échographie abdominale (Figure 2) est réalisée.

Figure 2 : Echographie abdominale. A : Estomac sévèrement dilaté par un contenu liquidien.  B : Corps étranger obstructif (*) dans la lumière du duodénum ne générant pas de cône d’ombre avec un discret liseré de stéatite périphérique (flèche bleue)

Description :

– L’estomac est distendu de façon marquée par un contenu liquidien. Sa paroi est fine avec persistance des couches échographiques. Le pylore est libre.

– A quelques centimètres du pylore, un élément sphérique hypoéchogène à anéchogène homogène, d’environ 3,5 cm de diamètre et délimité par une fine surface lisse hyperéchogène est observé dans la lumière de la partie proximale du duodénum descendant. Cet élément ne génère pas de cône d’ombre acoustique. Il déforme et repousse de façon sévère vers l’extérieur les parois duodénales, amincies avec persistance des couches échographiques. Une accumulation focale de gaz est visualisée entre la surface du corps étranger et la couche muqueuse de la paroi duodénale distendue.

– La graisse en périphérie du duodénum proximal est discrètement épaissie et hyperéchogène compatible avec une légère stéatite. On n’observe pas d’épanchement péritonéal ni de gaz libre.

– Les anses intestinales aborales à cet élément sont d’aspect usuel.

– Le reste de l’abdomen est dans les normes.

Conclusion :

1) Corps étranger duodénal proximal occlusif avec iléus mécanique gastrique marqué.

2) Discrète stéatite périphérique qui ne permet pas d’exclure un début de souffrance pariétale.

Une prise en charge chirurgicale est réalisée par la suite. Le corps étranger est visualisé dans le duodénum proximal qui présente une paroi macroscopiquement normale. Le corps étranger est remonté dans l’estomac par taxis externe puis retiré par gastrotomie. Il s’agit d’une balle en caoutchouc (Figure 3).

Figure 3 : Corps étranger (balle en caoutchouc)

Une bonne amélioration clinique et biochimique post-opératoire ainsi qu’une échographie de contrôle satisfaisante permet une sortie d’hospitalisation 48h après l’intervention chirurgicale.

Discussion

L’échographie abdominale confirme la forte suspicion radiographique de corps étranger duodénal obstructif. L’opacité atypique mixte aérique à liquidienne du corps étranger peut s’expliquer par la composition de la balle, possiblement majoré par une accumulation focale de gaz autour de la balle, visualisée à l’échographie entre ce corps étranger et la paroi duodénale adjacente. L’échographie vient ici principalement en complément de la radiographie pour préciser la localisation du corps étranger et rechercher les complications éventuelles notamment des signes de souffrance pariétale voire de perforation digestive. Ces informations permettent au chirurgien d’aborder au mieux son intervention. L’examen radiographique est facilement accessible et peut se révéler diagnostique dans certains cas, avant même l’examen échographique.  La radiographie doit être considérée comme un examen de choix en première intention en cas de vomissement aigus.

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Dr Marlène FINCK, dip. ECVDI, Marseille
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